«Depuis 6 ans que l’espace d’hibernation a été installé la population va croissant. De 6 individus en 2014 on en est à 47 aujourd’hui, sur ce site très intéressant que nous avons aménagé», indique Vincent Cohez, coordinateur pour les chiroptères au sein de la Coordination mammalogique du Nord de la France. Cette dernière a mené ce programme avec la ville de Watten et le Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale.
On ne vous montrera pas de photos car il n’est pas question de déranger les hôtes de l’abbaye, cela compromettrait leur survie, et c’est donc avec beaucoup de précautions que Vincent Cohez a réalisé le recensement 2020. «J’aurais aimé voir le murin des marais une espèce rare mais qu’on peut observer chassant sur le canal, la population en hibernation à Watten se compose d’une trentaine de murins à moustaches, le reste étant des murins de Daubenton et des murins de Natterer», indique le spécialiste.
En août 2019, une soirée d’observation le long de l’Aa avec du matériel de détection des sons différents selon chaque espèce avait permis de découvrir l’activité nocturne de ces étranges petits mammifères bien protégés à Watten.
Le Groupe Chiroptères de la Coordination Mammalogique du Nord de la France effectue régulièrement des comptages hivernaux. En 2015 les caves de l’ancienne abbaye ont été aménagées avec le Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale, permettant de tripler la présence des chauves-souris! Le site a été mis en sécurité et protégé et est non accessible en période hivernale.
Synthèse des comptages
2020: 47 chauves-souris
Murin de Daubenton, une trentaine de Murins à moustaches, et Murins de Natterer.
2019: 47 chauves-souris
1 Murin de Daubenton, 37 Murins à moustaches, et 9 Murins de Natterer
2018: 40 chauves-souris
3 Murins de Daubenton, 28 Murins à moustaches, 8 Murins de Natterer et 1 Murin indéterminé
2017: 44 chauves-souris
1 Murin de Daubenton, 34 Murins à moustaches, 6 Murins de Natterer et 3 Oreillards roux.
2016: 43 chauves-souris
5 Murins de Daubenton, 31 Murins à moustaches, 5 Murins de Natterer, 1 Pipistrelle commune et 1 Oreillard roux.
2015: 21 chauves-souris
1 Murin de Daubenton, 17 Murins à moustaches, 1 Murin de Natterer, 1 Oreillard roux et 1 Oreillard indéterminé.
2014: 17 chauves-souris
1 Murin de Daubenton, et 16 Murins à moustaches
Les chauves-souris
Le Murin de Daubenton (Myotis daubentoni)
C’est le « Murin pêcheur », sa vie est liée aux étendues d’eau où il chasse en rasant la surface de l’eau, en quête d’insectes aquatiques et quelquefois de petits alevins. Il hiberne dans les souterrains et les anciennes carrières. Il se rencontre sur la quasi-totalité des zones humides du Parc.
Le Murin à moustaches (Myotis mystacinus)
Cette chauve-souris de petite taille (six grammes pour vingt centimètres d’envergure) est l’une des plus couramment rencontrées en hibernation. Elle chasse dans différents milieux, toujours pourvus de boisement : parcs, jardins, bocages, allées et lisières forestières, le long de la ripisylve sur de petits ruisseaux. Plusieurs colonies de reproduction (dix à quarante individus) ont été découvertes ces dernières années, notamment au sein d’exploitations agricoles (granges, hangars…) à proximité des forêts de Clairmarais ou dans le bocage autour de Licques.
L’Oreillard roux (Plecotus auritus)
Agile voltigeur, ce gourmet plutôt forestier évolue au sein du feuillage où il cueille les chenilles. Il utilise les cavités des arbres comme gîtes de reproduction. En hiver, il est couramment observé en léthargie dans les blockhaus forestiers.
La Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus)
C’est la plus petite et la plus commune de nos chauves-souris. Elle pèse aussi lourd qu’un morceau de sucre ! C’est elle que l’on voit virevolter autour des réverbères à la nuit tombée, survolant nos maisons et nos jardins.
Ce que dit la loi: pas touche!
Toutes les chauves-souris de France (34 espèces) et celles du Nord-Pas de Calais (21 espèces) sont protégées par la loi du 10 juillet 1976. Il est strictement interdit de leur porter atteinte, sous peine d’amendes. Seuls quelques spécialistes par région, nommés par l’Etat, sont habilités à manipuler les chauves-souris. Au sein du groupe « chiroptères » de la CMNF, quelques membres détiennent cette autorisation spéciale.