
Cela fait maintenant plusieurs années que nous avons l’habitude de battre des records, généralement de fortes chaleurs ou de fortes pluies, et que l’on assiste à la multiplication des cas extrêmes, de plus en plus fréquents. Cela confirme bien la réalité des bouleversements climatiques et du réchauffement, même si certains en doutent encore, mais il est malheureusement trop tard pour tenter d’en limiter les conséquences à l’échelle mondiale. En France, en 2020, c’est une fois de plus la forte chaleur qui a tenu le devant de l’actualité, surtout en août, avec une importante vague vraiment torride du 5 au 13, mais les températures ont également été anormalement élevées en février (!) et en avril (avec des records d’ensoleillement dans le Nord), et dans une moindre mesure en janvier et novembre.
Résumé des données climatiques:
Moyenne des températures minimales (Tn): | 7,63°C |
Température minimale absolue: | -4,0° (25/03) |
Moyenne des températures maximales (Tx): | 17,36°C (record) |
Température maximale absolue: | 39,0° (31/07) * |
Température moyenne annuelle (Tn + Tx)/2: | 12,50°C (record) |
Hauteur totale des précipitations: | 870,7 mm |
Moyenne sur la période 1981 – 2010: | 795,0 mm |
Nombre jours avec précipitations ≥ 0,1 mm: | 197 |
Hauteur d’eau maximale sur 24 heures: | 50,1 mm (29/08) |
* record approché (du 25/07/2019)
C’est ainsi que l’année 2020, avec une température moyenne de 12,5°, établit à Watten un nouveau record, et mérite bien, comme pour une bonne partie de l’Europe, le titre d’année la plus chaude jamais observée depuis le début des relevés réguliers de températures (en 1946 pour la plupart des stations françaises, 1971 pour Watten). Pour mémoire, le précédent record d’année la plus chaude en température moyenne remonte chez nous à 6 ans seulement: 12,34° en 2014; depuis, on remarque que la moyenne de 12° est atteinte chaque année à partir de 2017 (la moyenne 1981‒2010 étant de 10,9°).
On rappellera pour mémoire que le 25 juillet, un pic de chaleur «historique» a fait «sauter» tous les records, tant dans les Hauts-de-France qu’en région parisienne, en Normandie ou en Alsace, et même dans des pays voisins (Belgique, Pays-Bas, Allemagne), des maxima absolus supérieurs à 40° sous abri ayant été relevés ce jour-là; c’est la première fois que de telles valeurs ont été enregistrées dans nos régions «tempérées» depuis le début des relevés effectués par Météo-France! Les régions du Sud avaient encore fait mieux à la fin juin, avec un record absolu national atteignant 46° dans le Gard, le 28 juin.
Autre fait marquant en cette année vraiment très chaude: si l’on considère les températures moyennes mensuelles, on remarque qu’il n’y a qu’un seul mois présentant un petit déficit thermique: ‒ 0,1° … en juillet! Tous les autres mois sont nettement plus chauds que la normale, avec des écarts généralement compris entre +0,3° et +2,5°, mais qui atteignent +3° en août, et +3,5° en février!
Pour les précipitations, on retrouve une configuration qui ressemble un peu à celle de l’année 2019, avec des périodes de temps sec et (déjà) chaud au printemps ou au début de l’été; dans certaines régions, la sécheresse, aggravée par la canicule, faisait craindre par moments des restrictions en eau; puis la situation, chez nous, a brusquement «basculé» dès la fin septembre, avec le retour de longues périodes de pluies durables et souvent abondantes, une atténuation passagère s’étant toutefois produite en novembre. En fin de compte, l’année 2020 se termine dans l’Audomarois avec un excédent de pluie de près de 10%. Dans le détail, on a enregistré à Watten, 5 mois déficitaires en eau: janvier, avril, mai (sécheresse record: 2,6 mm de pluie), juillet et novembre, les 7 mois restants présentant des excédents allant de 15% à plus de 2 fois la normale en février et en août, ce dernier mois ayant reçu pas moins de 140mm.
Le nombre de jours avec précipitations mesurables (≥ 0,1 mm) est en augmentation sensible par rapport à l’année précédente (197 contre 192), et donc toujours supérieur à la normale; pas mal pour une année que l’on craignait trop sèche! A Watten, c’est en mai que l’on compte le moins de jours pluvieux (5 j.), et en octobre que l’on en dénombre le plus (26 j.).
Quelques données chiffrées supplémentaires
Il a été relevé, en 2020, au poste climatologique de Watten:
54 JOURS DE CHALEUR (T. maxi ≥ 25°): c’est un peu plus qu’en 2019 (51 j.), mais moins qu’en 2018, qui détient le record actuellement avec 63 jours chauds,… et toujours beaucoup plus que la moyenne régionale, qui est d’une trentaine de jours seulement! Par contre, le nombre de jours de forte chaleur (maxi ≥ 30°) atteint 18 cette année, ce qui constitue un nouveau record, battant de peu celui de 2018 (17 j.). La répartition mensuelle des jours de chaleur est la suivante: 5 j. en avril, 6 j. en mai, 10 j. en juin, 9 j. en juillet, 17 j. en août, 7 j. en septembre. Les jours de forte chaleur ont été enregistrés en mai (1 j.), juin (3 j.), juillet (2 j. seulement, mais avec un pic à 39° le 31), août (10 j.), et septembre (2 j.). A souligner aussi que pendant la vague de chaleur intense du mois d’août, on a relevé des maxima supérieurs à 35° durant 5 jours consécutifs, du 7 au 11 (jusqu’à 37,4° le 7): cela aussi constitue une «première» pour Watten! Par ailleurs, le dernier jour de forte chaleur de la saison, enregistré le 15 septembre avec 33,6°, établit un nouveau record pour ce mois!
26 JOURS DE GELÉE SOUS ABRI (T. mini ≤ 0°), c’est beaucoup moins qu’en 2019 (40 j.), et évidemment très inférieur à la normale régionale. La répartition de ces jours de gelée est la suivante: 6 jours en janvier, 3 j. en février, 8 j. en mars, 3 j. en avril, 1 j. en mai, puis 2 j. en novembre, et enfin 3 j. en décembre. Aucune de ces gelées n’a été «forte» (mini ≤‒5°), le minimum absolu de l’année étant de ‒ 4° le 25 mars, soit quelques jours après l’équinoxe de printemps!
1 JOUR AVEC CHUTE DE NEIGE (ou pluie et neige): ce sera un score minimum difficile à battre, à moins d’avoir un hiver sans aucun flocon! Cette unique chute de neige de l’année 2020 a été observée le 27 février, donnant une couche qui n’a guère tenu que quelques heures au sol.
9 JOURS AVEC ORAGE OU TONNERRE , y compris les orages à distance (plus de 3 km), fréquence peu élevée si l’on considère les fortes chaleurs de l’été; ces orages se sont produits exclusivement en juin (5 jours) et en août (3 jours), auxquels il faut ajouter un orage à distance le 15/11. Généralement d’intensité modérée pour ce qui est des phénomènes électriques, ces orages ont parfois été accompagnés d’abondantes précipitations (orages du 13 au 15 août), des averses torrentielles peu mobiles étant observées à quelques kilomètres de Watten.
Enfin, concernant les jours de fortes pluies, orageuses ou non (≥ 10 mm), leur nombre total (24 j.) reste important, ces journées très pluvieuses étant observées principalement d’août à octobre; on a décompté 6 journées avec plus de 20 mm en 24 heures, dont 2 journées avec des quantités remarquables : 31,1 mm le 23/09, et surtout 50,1 mm le 29/08, record de l’année.
Quant aux vents forts et tempêtes, ils sont fréquents surtout en début d’année, le mois de février ayant subi à lui seul 4 tempêtes, une lors de chaque week-end! D’autres vents tempétueux ont aussi été enregistrés, de façon épisodique, les 26 août, 25 septembre et 27 décembre, avec des rafales dépassant parfois largement les 100 km/heure, sans causer toutefois de dommages importants.
Par Alain Plumart,
Watten, le 25 janvier 2021