Watten, une bouffée de dépaysement entre Flandre et Artois


La Tour de l’Abbaye de Watten

Le site classé du Mont de Watten comprend la tour de l’abbaye du XVe siècle et les murs d’enceinte, seuls vestiges de l’établissement religieux fondé au XIème siècle. Ouvert le 2ème week-end août pour la Fête de l’Abbaye, et aux dates indiquées dans l’agenda pour des visites guidées.

Infos pratiques

Ouvert le 2ème week-end d’août pour la fête de l’abbaye (entrée 2€/adulte).
Visites individuels guidées: gratuit. Visites organisées en été aux dates indiquées dans l’agenda.
Visites groupes: 2,00 € par personnes (20 pers. minimum) sur RESERVATION OBLIGATOIRE.

Rue de la Montagne 59143 Watten

Renseignements: 03.21.88.27.78

Le site classé du Mont de Watten

Site Classé du Mont de Watten le 21/11/1998. Patrimoine national. Tour classée Monument Historique le 10/02/1909

Les vestiges des fortifications qui entourent l’ancienne abbaye et le moulin situés au sommet de la « Montagne » de Watten, à 72 mètres d’altitude, datent du XVIIe siècle, le siècle de Vauban. De tous temps la situation de Watten, de l’Antiquité jusqu’à la Seconde guerre mondiale, a joué un rôle stratégique dans la défense du territoire. Aujourd’hui, c’est un site naturel classé, au sommet duquel se découvre un remarquable panorama sur la Flandre et l’Audomarois, facilement accessible à pied par un sentier d’interprétation.

A l’agenda

Le site de l’abbaye en vidéo

Un lieu occupé depuis l’Antiquité mais à l’histoire méconnue

La situation naturelle de belvédère commandant la vallée de l’Aa a fait de Watten, et de son mont, un lieu de passage et une position privilégiée dans l’histoire. Avec les Romains, Watten est reliée à Cassel et Boulogne par une voie militaire, dont la route départementale 26 constitue le tracé. Le site aurait été fortifié pour protéger le passage à gué («vadum» en latin) sur l’Aa, mais il ne reste aucune trace d’un fort ou d’un temple romain. Watten est citée en 831 comme domaine agricole du nom de «Villa Guadannia», dans le cartulaire de l’abbaye de Saint-Riquier (Somme). Watten contribuait à l’entretien de dix chanoines desservant la chapelle de Bourecq, près de Thérouanne. En 874 une chapelle dédiée à saint Riquier fut édifiée au sommet du mont. Elle était entourée d’une ferme et d’un village d’une certaine importante, dotés d’habitations pour les ouvriers agricoles. (Illustration : carte de la Flandre vers le IXe siècle)

Vivant en autarcie, les habitants étaient protégés par une palissade en bois et des fossés. En 881, la petite agglomération qui s’était établie au bord de l’Aa fut détruite par les attaques des Normands. Profitant de l’inondation de la plaine maritime, les pirates remontèrent les estuaires des côtes flamandes à bord de bateaux à fond plat et pillèrent les villes et les établissements religieux. Watten ne devra son salut qu’à la création d’une abbaye deux siècles plus tard. L’époque était agitée, en témoigne la spoliation par le comte de Flandre, à une date inconnue, de la villa de Watten qui fut ensuite rendue à l’abbé de Saint-Riquier en l’an 995. (Illustration: Sainte Mildrède)

Le premier établissement de chanoines réguliers en Flandre

L’histoire de la fondation de Watten fut soigneusement écrite au moment où les fondateurs venaient à disparaître à la fin du XIe siècle. Il s’agissait de montrer aux générations futures combien la naissance du monastère avait été difficile et turbulente, et combien la foi en Dieu de ses fondateurs était grande. Un ermite du nom d’Alphume s’était retiré dans une chaumière entourée de bois avec quelques disciples, formant une communauté religieuse autour de l’oratoire dédié à saint Riquier. Watten était alors un lieu de désolation, où il ne restait que les débris du passé sous forme de ruines et de fragments de marbre.
Selon la chronique de l’abbaye, les habitants des lieux étaient aussi «incultes» que les terres qu’ils occupaient. Ils vivaient de pêche, de fruits et de légumes cultivés grossièrement: l’Aa était une rivière poissonneuse et déjà animée par les échanges entre Saint-Omer et le littoral.
En 1072, un prédicateur itinérant nommé Olfride, en provenance du Tournaisis, choisit le mont de Watten pour y fonder un monastère. A la recherche du lieu idéal pour exercer ses fonctions, il trouva à Watten une position favorable à son action. Il y revint à plusieurs reprises, pour s’installer avec ses frères «pauperes Christi» et mener une vie apostolique. Il fut accueilli par Alphume, desservant l’église locale. (Illustration: Robert de la Magdelaine)


Trois critères étaient recherchés dans la fondation de l’établissement par Olfride: un site isolé, prédestiné et juridiquement défini.


Les terres de Watten étant passées de la dépendance de l’abbaye de Saint-Riquier à celle de Bergues Saint-Winoc dans la première moitié du XIe siècle, Olfride dut affranchir les lieux pour y créer son établissement, grâce à l’appui du seigneur de Watten, Adam, qui fit don de terres, d’argent et d’ornements d’église, et du comte de Flandre, Robert le Frison. Ce dernier venait de remporter à Cassel une victoire sur le roi de France qui lui assurait le pouvoir, jusque-là contesté. Pour célébrer cet événement, il prit à ses frais l’entretien à perpétuité de trente chanoines. L’abbaye fut dédiée aux saints Nicolas et Riquier par l’évêque de Thérouanne, Drogon. Les habitants avaient l’habitude d’affluer le 9 octobre pour célébrer la Saint-Riquier. En 1097, le sanctuaire est placé sous le nouveau vocable de Notre-Dame par l’évêque d’Arras. La mère de Robert le Frison, la douairière Adèle, fille du roi de France, y posa la première pierre.
Robert II de Jérusalem y laissa de précieuses reliques apportées de Terre sainte. Thierry d’Alsace, comte de Flandre, fit de ce monastère restauré par ses soins son séjour préféré. Il y sera inhumé après sa mort, survenue en 1168 à Gravelines. (Illustration: Thierry d’Alsace)

Les conflits militaires à l’origine du déclin de l’abbaye

Le monastère fut ruiné par de multiples conflits, pillages et incendies dus à la position stratégique du mont. Il reçut la visite du célèbre martyr anglais, saint Thomas Becket. L’abbaye sera successivement sous la juridiction de vingt-neuf prévôts ou abbés. Pendant les quatre siècles qui suivirent, Watten dut subir les discordes et les guerres incessantes opposant les comtes de Flandre, les Anglais, les Espagnols et les rois de France. Ainsi près de deux milles flamands furent défaits par les français dirigés par le maréchal Miles de Noyers lors d’une bataille qui eut lieu le 26 décembre 1302, au pied de l’abbaye fortifiée.
Le monastère fut ruiné par de multiples conflits, pillages et incendies dus à la position stratégique du mont. Il reçut la visite du célèbre martyr anglais, saint Thomas Becket. L’abbaye sera successivement sous la juridiction de vingt-neuf prévôts ou abbés. Pendant les quatre siècles qui suivirent, Watten dut subir les discordes et les guerres incessantes opposant les comtes de Flandre, les Anglais, les Espagnols et les rois de France. Ainsi près de deux milles flamands furent défaits par les français dirigés par le maréchal Miles de Noyers lors d’une bataille qui eut lieu le 26 décembre 1302, au pied de l’abbaye fortifiée. (Illustration: sceau de l’abbaye de Watten)

Puis le monastère fut entièrement détruit par les Anglais en 1435. Une trêve entre les belligérants permit au prévôt de le reconstruire en trois ans. En 1477, lors du siège de Saint-Omer par les armées de Louis XI, Watten dut supporter les brimades des soldats français. Les dégâts commis furent considérables. Le monastère de Watten, fortifié, offrait en effet une excellente position militaire. En 1566, les Gueux ou «briseurs d’images» entrèrent à leur tour à Watten et saccagèrent la ville et l’église de la prévôté.
En 1570, le monastère fut rattaché au nouvel évêché de Saint-Omer par une bulle du pape Pie IV. En 1579, François de la Noue, chef français et protestant, y logea plusieurs fois, y plaçant des garnisons. Il finit par y mettre le feu. (Illustration: François de la Noue)

François de la Noue

Des Jésuites anglais à la Révolution française

Jean de Vernon, évêque de Saint-Omer, fit reconstruire en 1592 une partie des bâtiments du monastère qui seront occupés vers 1608 par des jésuites anglais. Ceux-ci reçurent en propriété les terrains du monastère, ainsi que ceux du comté d’Holque, leur permettant d’ouvrir un pensionnat et un noviciat qui existèrent jusqu’à la dissolution de l’Ordre. En 1763, les jésuites quittèrent le monastère qu’un visiteur décrit à l’époque en termes enthousiastes. L’édifice, de construction récente, comprenait une riche chapelle dite de «l’Ange Gardien» avec quatre autels, une salle réservée aux séances académiques, de spacieuses salles d’études et de récréation, des classes et des dortoirs parfaitement aménagés, une brasserie, une boulangerie, une cordonnerie, une lingerie, un magasin d’habillement pour maîtres et élèves, une menuiserie, un atelier de charpenterie et même une pharmacie. (Illustration: John Carroll)

Le collège abritait plus de cent internes répartis en trois sections: anglaise, flamande et française. Les jésuites seront remplacés jusqu’en 1768 par des prêtres de la mission anglaise, qui tombèrent en désaccord avec l’évêque de Saint-Omer au sujet de la possession des biens de l’ancien monastère. Le procès se terminera en 1769 en faveur de l’évêque de Saint-Omer, reconnu seul propriétaire par arrêt du Parlement. Pour éviter des dépenses nécessitées par les réparations, il fit démolir tous les bâtiments, sauf la tour et les murailles qui formaient le jardin. Avec les matériaux de la démolition, il se fit construire une maison de campagne et une ferme. Les biens du monastère resteront rattachés à l’évêché de Saint-Omer jusqu’à la Révolution française qui l’en dépossédera. (Illustration: Monseigneur de Puységur)

Les bâtiments qui subsistaient furent vendus comme biens nationaux sous le nom de «château» en 1792. Les nouveaux acquéreurs voulurent, après la Révolution, démolir la tour de l’abbaye, mais défense leur en fut faite par l’autorité administrative. Acquise par le gouvernement en 1822, en même temps que le terrain qui la supporte, cette tour servait, dit-on, de point de repère aux navigateurs. En 1909 elle est classée monument historique, et le site est classé en 1980. La commune rachète le moulin et son bastion en 1985 et le restaure en 1988. En 2008 la tour devient propriété communale. (Illustration: la tour de l’abbaye de Watten, 1893)

Historique des fortifications

Watten est un lieu stratégique déjà occupé à l’époque Antique

A l’Antiquité, c’est un des premiers sites occupés dans la région. Celui qui contrôle la «Montagne» de Watten, contrôle la vallée. Cette position de point de contrôle conditionnera l’occupation militaire de Watten à différentes époques. Le site est d’abord occupé par les Gallo-Celtes, puis par la tribu des Morins. Des auteurs d’anciennes chroniques citent à Watten une première fortification ou «oppidum» datant d’avant la conquête romaine. Lors de la Guerre des Gaules, Jules César conquiert la région au milieu du Ier siècle av. J.-C. Cassel devient chef-lieu de la cité des Ménapiens, et Thérouanne chef-lieu de la cité des Morins. Des voies militaires sont construites par les Romains pour acheminer au plus vite les troupes. Watten se situe au carrefour de l’Aa et de la voie romaine Cassel-Boulogne. Elle relie deux limites de l’Empire Romain: à l’Ouest Boulogne, port d’embarquement vers la Grande-Bretagne, et Cologne à l’Est, sur la frontière fortifiée du Rhin. A Watten, un camp puis un fort entouré d’habitations auraient été créés au sommet du mont. Le chroniqueur de l’abbaye de Watten écrit à la fin du XIe siècle que la création de l’abbaye se serait faite sur les vestiges d’une petite agglomération, du nom de Vaganum et entourée de fortifications.

La chute de l’empire romain, les invasions barbares et les inondations vont déstabiliser la région et Watten

Du IIIe au IVe siècle des inondations et les pirates mettent à mal les côtes. Les vallées de l’Aa et de l’Yser sont envahies par la mer. Les saxons et les francs dévastent le littoral. A la fin du IIIe siècle les Romains mettent en place une série de fortifications, dont Watten. Au IVe siècle, le chef-lieu de la cité des Ménapiens est transféré de Cassel à Tournai. Au Ve siècle c’est la chute de l’Empire Romain, et les Francs envahissent la région. Les ruines romaines servent à construire de nouvelles fortifications. Du Ve au VIIIe siècle, une seconde transgression marine inonde la région. En 881, les normands détruisent la ville, peut-être encore fortifiée. A cette époque, naissent les principes des fortifications du Moyen-Âge: mottes avec donjons, châteaux forts, murs hauts, créneaux, murailles renforcées par des tours, et portes, points faibles habituels, renforcées. (Illustration: Watten dans son contexte gallo-romain)

Au Moyen-Âge, un rôle religieux plus que militaire

L’assèchement des terres et la création de l’abbaye sauvent la ville de l’abandon. L’eau se retire naturellement, aidée par les moines qui assèchent les terres nouvelles reconquises sur l’eau. Les comtes de Flandre créent l’administration des «wateringues» pour gérer les travaux. A la fin du XIIIe siècle, le Roi de France Philippe le Bel envahit la Flandre et détruit Cassel, Saint-Omer et Watten. Les Français et les Flamands se disputent le monastère de Watten au cours d’une bataille livrée fin 1302. En 1315, malgré les troubles, la ville obtient son organisation municipale et le privilège de la production de draperies en 1378. Au XIVe siècle Watten est détruite par Charles VI. Les habitants se réfugient à Saint-Omer. Ils reviennent et reconstruisent la cité, mais elle ne retrouvera plus jamais sa grandeur d’autrefois. La Flandre devient bourguignonne en 1384. Un marché est créé en 1428 et confirmé plus tard ainsi que deux foires par Charles Quint. Une compagnie d’archers voit le jour en 1448 grâce au duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Cette compagnie existe toujours. (Illustration: Philippe d’Alsace)

A la Renaissance, Watten retrouve des fortifications et garde son rôle religieux

Le développement de la poudre a de fortes conséquences au XVe et au XVIe siècle. Les murailles deviennent obsolètes, car il devient possible de les détruire en bombardant au même endroit. Le bastion remplace la tour du château fort, et on créé des ouvrages enterrés et des ouvrages avancés. Les courtines qui sont situées en haut des murailles perdent leurs créneaux et sont équipées d’ouvertures pour les canons. En 1435, les anglais détruisent le monastère et l’église. Les français occupent Watten en 1477 lors du siège de Saint-Omer : la position de Watten est stratégique pour conquérir la région. En 1555, le Comté de Flandre et Watten passent sous domination des Espagnols. En 1558 une armée est réunie par le Comte d’Egmont à Watten pour conquérir Gravelines. (Illustration: le Comte d’Egmont)

Comte d’Egmont
Thomas de Savoie

Watten va redevenir une ville fortifiée au XVIIe siècle. Les nouvelles fortifications adoptent un profil «rasant», entourées de fossés remplis d’eau, avec chemins couverts protégés par des palissades en bois. La première tentative de fortification moderne de Watten a lieu en 1625. La ville attire l’attention de l’Infante Isabelle, qui visite deux fois le site de la «Montagne» en vue de le fortifier, mais sans suite. C’est Gaston d’Orléans en 1638 qui fortifie le sommet du mont de Watten et le bourg en contrebas. Il s’agit de garder la position française pendant que les autres troupes assiègent Saint-Omer. Une digue est construite sur l’Aa par Thomas de Savoie en 1639. Elle sert de barrage pour inonder Saint-Omer et le marais. (Illustration: Thomas de Savoie)

Watanum, 1662, Sanderus, Flandria Illustrata
Vauban

En 1644 l’ingénieur Le Camus est envoyé par Louis XIV pour fortifier la ville, et on fait venir des entrepreneurs en provenance de Hollande, inventeurs d’une technique de fortification non recouverte. La terre creusée pour les fossés sert à la construction de remparts. Elle est tassée mais n’est pas recouverte de maçonnerie. Des redoutes et des fortins protègent les rivières et les écluses. Un plan du Fort de Watten montre une fortification non recouverte conçue pour accueillir 10000 hommes. Elle est construite avec cinq bastions de terres reliés entre eux par des courtines et couverts par des demi-lunes et des ouvrages à cornes. Le bastion d’Elboeuf est celui du moulin. Une ligne de communication relie le fort avec le bourg fortifié en contrebas. (Illustration: Vauban; Watanum, 1662)

Plan du fort de Watten en 1644

Vauban écrivait dans ses mémoires : «C’est à Watten qu’il faut fortifier Saint Omer» car «Watten constitue la clef des eaux»


A l’intérieur du fort, de nombreux bâtiments ont été construits autour du monastère, pour servir de logement aux garnisons présentes et pour stocker vivres et munitions. Sur une gravure de Watten réalisée au XVIIe siècle, on peut voir le bourg de Watten au pied du fort, avec un moulin en bois et les bâtiments du collège des jésuites anglais, entourés de fortifications en terre. Pendant deux ans, Watten et les forts de Mardyck et de Lynck, constituent une ligne de défense locale. Cette ligne se prolonge de Saint-Omer jusqu’à Gravelines et la mer. En 1646, le fort est abandonné, d’abord à cause de difficultés sanitaires, puis par déplacement de la ligne de front. Le roi Louis XIV lance un ordre de démolition en juin 1646, qui ne sera pas appliqué en totalité : seul le canon sera déplacé à Calais. En 1647, Watten retombe aux mains des Espagnols qui eux détruisent les fortifications en 1650. La position sera réoccupée plus tard par Turenne en 1657, par le gouverneur d’Artois en 1676, et par les Français en 1677. Les fortifications en terre bénéficient d’une «remise à neuf». En 1678, Watten devient définitivement française. (Illustration: le fort de Watten, 1742, SHAT)

Après la Révolution, des fortifications peu utilisées

Vauban (1633-1707) est un bâtisseur du XVIIe siècle. C’est un des grands hommes d’état de Louis XIV. Il a construit de très nombreux ouvrages militaires. Il établit le principe du « pré carré » dans le Nord, c’est-à-dire une double ligne de villes fortifiées. On disait alors qu’une ville fortifiée par Vauban était imprenable, et qu’une ville assiégée par Vauban était une ville prise. Nommé Commissaire général des fortifications en 1678, il aura au total fortifié près de 300 places-fortes existantes et construit 40 nouvelles. Il considérait Watten comme la «clé des eaux» de Saint-Omer, et bien qu’il ne soit pas intervenu dans les fortifications de Watten, il avait le projet de créer un nouveau fort à Watten, non réalisé. (Illustration: le fort de Watten, 1728, Masse)

Les fortifications de Watten du XVIIIe siècle à nos jours seront réutilisées ponctuellement. En 1712, les fortifications sont rénovées dans le contexte de la Guerre de Succession d’Espagne, ainsi qu’en 1735 par le Maréchal de Puységur qui est chargé d’examiner l’état des fortifications des alentours de Dunkerque. Il demande le rétablissement du fort de Watten et du fort du bourg dans leur état précédent, avec la suppression du couvent et du bois des jésuites. Malgré les protestations des religieux, l’officier commence d’immenses travaux, mais on ne sait pas s’il arrive à ses fins… On peut supposer que les vestiges actuels sont de cette époque. Enfin le fort est réutilisé en 1793-94 lors des campagnes révolutionnaires. Un plan de 1728 montre la ville de Watten, qui s’est agrandie sur l’autre rive, les fortifications autour de l’église, et le fort au sommet du mont. A l’intérieur du fort, on remarque le collège des jésuites avec ses bâtiments, ses jardins potagers, le moulin, et le bois qui appartenait aux religieux. L’Aa sert de séparation entre le Comté d’Artois et les Flandres Maritimes Françaises. (Illustration: le fort de Watten, 1796, SHAT)

Lors de la Seconde guerre mondiale, le mont de Watten sera réutilisé en tant qu’observatoire par les allemands, qui utilisent le moulin construit en 1731, dont ils enlèvent la toiture, et la tour de l’ancienne abbaye où ils construisent un petit abri en brique et en bois au sommet, dont on peut encore voir les traces.

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