Watten

Une bouffée de dépaysement entre Flandre et Artois

Une position stratégique dans la conquête de la Flandre

Le monastère de Watten, fortifié, offrait une excellente position militaire. C’était à qui s’en emparerait le premier. Pendant cette longue période de guerre civile, Watten et son monastère seront pri

En 1566, les « Gueux »1, désignés sous le nom de «briseurs d’images», entrèrent à leur tour à Watten saccageant la ville et l’église de la prévôté. En 1570, le monastère fut rattaché au nouvel évêché de Saint-Omer par une bulle2 du pape Pie IV. En 1579, François de la Noue, chef français et protestant, y logea plusieurs fois, y plaçant des garnisons. Il finit par y mettre le feu. Jean de Vernon, évêque de Saint-Omer, fit reconstruire, en 1592, une partie des bâtiments du monastère qui seront occupés vers 1600 par des jésuites anglais. Ils reçurent en propriété, en 1608, les terrains du monastère, ainsi que ceux du comté d’Holque, leur permettant d’ouvrir un pensionnat et un noviciat qui existèrent jusqu’à la dissolution de l’Ordre en 1764.

Pendant bon nombre d’années, Watten appartint alors, tantôt à l’Espagne, tantôt à la France, qui se partageaient tour à tour la domination en Flandre. En 1638, les Français, conduits par le lieutenant-général de Hallier, s’emparèrent de Watten. Gaston d’Orléans, voulant conserver ce poste (alors que l’armée française assiégeait Saint-Omer), fit rétablir les fortifications sur la hauteur et en éleva d’autres autour de l’église paroissiale. Mais, dans la nuit du 3 au 4 juin, le général espagnol, comte de Fontaine, attaqua et reprit la ville. Les Espagnols inondèrent tout le pays de Watten à Saint-Omer, dont ils avaient entrepris le siège, en établissant un long barrage au «défilé» de Watten. La ville et le fort placé au haut de la côte restèrent espagnols jusqu’au 10 août 1643, jour où le maréchal de Gassion s’en empara à son tour. Profitant de l’absence des partisans français répandus dans les environs pour «faire du butin», les Espagnols reprennent la ville qui sera assiégée par le maréchal un an plus tard. Ce ne fut qu’après deux jours d’assaut que les fortifications purent être enlevées. Trois ans après, Watten retombait aux mains des Espagnols qui rasèrent les fortifications en 1650.

En 1657, Turenne, voulant refouler les Espagnols sur Dunkerque, logea au monastère et y établit un camp. On peut encore voir des traces de ce passage telles que des levées de terre et des tranchées-abris. Puis, Turenne se dirigea sur Mardyck dont il s’empara pour le livrer aux Anglais. A la paix des Pyrénées3, en 1659, Watten fut rendue à l’Espagne jusqu’au 26 février 1677, date à laquelle le régiment du marquis de Villars l’occupera de nouveau, cette fois définitivement. Watten sera, en effet, réunie à la France par le Traité de Nimègue en 1678.

Plan du fort de Watten en 1644

  1. Surnom donné aux nobles des Pays-Bas qui demandaient l’abolition de l’inquisition et voulaient atténuer les rigueurs contre l’hérésie protestante. Le Duc d’Albe, envoyé par Philippe II, sévit avec une extrême sévérité. ↩︎
  2. On a d’abord appelé bulle la petite boule de plomb que l’on attachait aux sceaux des actes pour leur donner un caractère authentique. Ce terme désigne actuellement certains actes actes de papes et de quelques conciles. ↩︎
  3. Traité qui termina les hostilités entre la France et l’Espagne (7 novembre 1659). Il donnait à la France notamment l’Artois, Gravelines, le Roussillon… ↩︎