La Révolution industrielle et les progrès des voies de communication

En 1813, Watten comptait 1042 âmes, puis en 1866, 1311 habitants, en 1881, 1735 et, en 1900, 2113.

L’industrie s’y développe alors en raison des facilités de communications extérieures. Au début du siècle, la population de Watten, qui avait pour hameaux Loverstel et Wattendam, s’est quasiment renouvelée.  Les descendants des anciens habitants sont rares. Aussi, le français, seule langue apprise dans les écoles, a succédé au flamand parlé autrefois dans la presque totalité des familles.

Pour permettre le changement de niveau des bateaux à destination de Bergues puis de Dunkerque, on utilisait le dam ou écluse de Watten, nommée Wattendam (dam, digue, Watten, de Watten) ou «overdrach» de Watten (overdrach, transport).

C’est l’ancêtre des modernes écluses et ascenseurs maritimes. Il n’y a pas de porte mais seulement des bajoyers [1] en bois. Il consiste essentiellement en un double plan incliné en bois, que l’on faisait franchir par le bateau, en le tirant par un câble manœuvré par un cabestan, actionné, soit par une roue à chevilles, soit par un manège à chevaux ou (peut-être) à chiens, ou par moulin à eau comme ce fut le cas à Wattendam.

Un grand nombre d’usines familiales et d’industries (aujourd’hui disparues) se créent à cette époque: vers 1860, M. Landeau exploita le sous-sol wattenais, constitué par de l’argile, la «clite», en créant une pannerie-briqueterie [2] qui assurait aussi la fabrication des drains et des poteries. L’usine ferma en 1893. Il sera, également, propriétaire d’un four à chaux. La matière première provenait des marnières [3] de Houlle et arrivait par bateaux. La chaux était revendue aux maçons de la région. Vers 1875, Emile Lanvin-Schraen fonda à Watten (hameau de Wattendam) une tannerie qui réussit à se placer en tête des autres entreprises françaises. Il avait obtenu le marché de fournitures des équipements militaires de deux corps d’armée. Il fournissait également les bottes des égoutiers de Paris. L’affaire subit, toutefois, une crise financière. Les frères Maillard, qui avaient des intérêts dans l’entreprise, la reprirent en 1903. M. France Maillard en assura la direction avec un technicien, Charles Haas. L’usine ferma définitivement ses portes en 1906. Entre 1850 et 1893, une raffinerie de sel fut exploitée rue du Bailly par M. Duriez-Semette.

[1] Nom de chacun des deux massifs qui forment les parties latérales d’une écluse.

[2] Panne : tuile sans emboîtement en forme de S.

[3] Carrière d’où l’on tire la marne, masse terreuse composée