Watten

Une bouffée de dépaysement entre Flandre et Artois

De nombreux conflits et le déclin de l’abbaye

En 1378, Watten, réunie à la châtellenie de Cassel, acquiert le privilège de la fabrication des draps, c’est dire l’importance de cette ville.

Sceau de l’abbaye (XIIIe s.)

En 1382, Charles VI, roi de France, défait à Roosebecke les Flamands révoltés. L’année suivante, ayant acquis la certitude qu’ils envahissaient de nouveau la région, il entra une fois de plus en Flandre, sans rencontrer de résistance, poussa jusqu’à Bergues et Bourbourg, qu’ils détruisit par le fer et le feu, faisant subir le même sort à Watten. Les habitants furent accueillis à Saint-Omer. La guerre finie, ils rebâtirent leur ville qui ne retrouva plus jamais la même importance.

Dès l’année 1423, le seigneur de Watten, Colard de Commines, rallume les querelles entre les habitants de Watten et de Saint-Omer, au sujet du rétablissement du marché hebdomadaire, privilège accordé uniquement aux villes. «Le magistrat de St.-Omer prétendit que l’établissement du marché était une innovation très-préjudiciable aux intérêts des habitans de sa ville, versant au trésor une aide annuelle de plus de 2000 tournois , tandis que ceux de Watten ne payaient rien, le seigneur de Watten répondit: en son nom et en celui de la commune, que l’on ne faisait que rétablir ce qui existait avant la guerre a laquelle était due l’interruption du marché. Le magistrat de St-Omer obtint en 1427 de Henri VI d’Angleterre, comme roi de France, une défense formelle de continuer la tenue du marché en discussion. Cette décision ne fut cependant pas définitive ; et une enquête fut encore faite un an après , pour le même sujet, par les ordres du bailli d’Amiens et du prévôt royal de Montreuil. Les habitans les plus âgés de la commune de Watten déclarèrent sous la foi du serment que, de temps immémorial, ils avaient connu un marché dans leur ville. Après de longues contestations, le marché fut enfin établi; il y fut ajouté deux foires annuelles que Charles-Quint confirma ainsi que le marché.»1

Robert de la Magdelaine, 25e prévôt de Watten

Cornil d’Eechout, seigneur de Watten, approuva l’institution d’une compagnie d’archers en 1428 sous le patronage de saint Sébastien. Des privilèges lui seront accordés par Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Cette société existe encore sous le nom de «Guillaume Tell». Une guerre étant survenue entre les Flamands et les Anglais, Watten eut à souffrir de nouveau de cette lutte: monastère entièrement détruit par les Anglais, église abattue. Une trêve entre les belligérants, en 1437, permit au prévôt de les reconstruire en trois ans. En 1477, lors du siège de Saint-Omer par les armées de Louis XI, Watten dut supporter les brimades des soldats français. Les dégâts commis furent considérables. il en fut ainsi pendant près d’un siècle, surtout lors des guerres d’indépendance et de religion dans les Pays-Bas, sous le règne du fanatique Philippe II d’Espagne.

  1. Extrait des Mémoires de la société des Antiquaires de la Morinie, Tome 4, 1837-1838, Notice historique de Watten, p. 137. ↩︎